Présentation


LIN Yusong est doctorant en philosophie depuis 2023 à l’École normale supérieure de Paris, au sein du laboratoire Pays Germaniques – Archives Husserl | Transferts Culturels. Ses recherches portent principalement sur la philosophie de Henri Bergson et de Friedrich Nietzsche, et plus particulièrement sur la question de la liberté et du destin dans le contexte de la philosophie de la vie. Ses intérêts portent également sur la pensée de Gilles Deleuze, David Hume, Immanuel Kant, Gilbert Simondon, Martin Heidegger et Emmanuel Levinas, ainsi que la théorie chinoise du shengsheng ( vivre la vie ) et du shengming (la vie - le destin), où sa réflexion interroge la subjectivité dans un sens vivant, les rapports entre la subjectivité et son milieu, la formation et les contraintes de la subjectivité, ainsi que la temporalité propre à la vie.

Yusong LIN is a doctoral candidate in philosophy at the École normale supérieure de Paris since 2023, affiliated with the Pays Germaniques – Archives Husserl | Transferts Culturels research laboratory. His research primarily addresses the philosophies of Henri Bergson and Friedrich Nietzsche, with a particular focus on the issues of freedom and destiny within the context of the philosophy of life. His scholarly interests also extend to the thought of Gilles Deleuze, David Hume, Immanuel Kant, Gilbert Simondon, Martin Heidegger, and Emmanuel Levinas, as well as to the Chinese philosophical concepts of shengsheng (“living life”) and shengming (“life - destiny”). His reflection critically engages with subjectivity understood in a living sense, the relations between subjectivity and its environment, the formation and constraints of subjectivity, and the temporality intrinsic to life.

 

  • Recherches doctorales

 Liberté et destin dans la philosophie de la vie - Bergson et Nietzsche


Cette recherche s’articule autour de trois concepts philosophiques principaux : la liberté, le destin et la vie, et elle prend pour base la philosophie de Henri Bergson et de Friedrich Nietzsche. La liberté et le destin forment depuis longtemps un couple bien connu dans l’histoire de la philosophie, la liberté en tant que négation du destin et le destin en tant que négation de la liberté. Dans ce cadre dualiste, divers concepts émergent, évoluent et se transforment tout au long de l’histoire pour finalement se regrouper en camps opposés autour de cette dualité : d’un côté, le libre arbitre, la liberté de la volonté, le choix libre, la contingence, l’arbitraire, etc. ; de l’autre côté, le déterminisme, la fatalité, la loi, la règle, la nécessité, la finalité, etc.
Bergson et Nietzsche, chacun à leur manière, cherchent à se libérer de ce cadre dualiste ; un point commun important est que, tous les deux philosophes critiquent les doctrines du libre arbitre et du déterminisme. En même temps, ils décrivent tous les deux une nouvelle expérience vitale qui est en train de se former et de se créer, où Bergson dégage la liberté et Nietzsche le destin. Cette convergence et cette divergence au sein de la philosophie bergsonienne et nietzschéenne constituent les enjeux fondamentaux de notre recherche.
D’un point de vue plus large, les réinterprétations de la liberté et du destin par Bergson et Nietzsche occupent non seulement une place centrale dans leurs philosophies, mais impliquent également des changements généalogiques de signification des deux concepts, ainsi qu’un transfert de paradigme au sein de la relation entre liberté et destin : l’ontologie, la référence, l’évolution sémantique des concepts subordonnés sont concernés.
Il est bien évident que, dans l’histoire de la philosophie, la question de la liberté et du destin se greffe toujours sur un certain paradigme théorique : le paradigme éthique/mythologique de la Grèce antique, le paradigme fataliste de la religion/théologie et le paradigme mécaniste de la science expérimentale ; chaque fois qu’un nouveau paradigme apparaît, la relation entre la liberté et le destin est remodelée. Bergson et Nietzsche nous proposent un quatrième paradigme dans lequel c’est la vie qui devient principe.
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This research revolves around three main philosophical concepts: freedom, destiny, and life, and it takes as its foundation the philosophies of Henri Bergson and Friedrich Nietzsche. Freedom and destiny have long formed a well-known pair in the history of philosophy—freedom as the negation of destiny, and destiny as the negation of freedom. Within this dualistic framework, various concepts emerge, evolve, and transform throughout history, eventually organizing themselves into opposing camps around this duality: on one side, free will, freedom of the will, free choice, contingency, arbitrariness, etc.; on the other side, determinism, fatality, law, rule, necessity, finality, etc.
Bergson and Nietzsche, each in their own way, seek to free themselves from this dualistic framework; a significant common point is that both philosophers criticize the doctrines of free will and determinism. At the same time, both describe a new vital experience in the process of forming and creating itself—where Bergson brings out freedom and Nietzsche, destiny. This convergence and divergence within Bergsonian and Nietzschean philosophy constitute the fundamental stakes of our research.
From a broader perspective, Bergson and Nietzsche’s reinterpretations of freedom and destiny not only occupy a central place in their respective philosophies, but also imply genealogical shifts in the meaning of both concepts, as well as a paradigm shift in the relationship between freedom and destiny: ontology, reference, and the semantic evolution of subordinate concepts are all involved.
It is quite evident that, throughout the history of philosophy, the question of freedom and destiny has always been rooted in a certain theoretical paradigm: the ethical/mythological paradigm of Ancient Greece, the fatalistic paradigm of religion/theology, and the mechanistic paradigm of experimental science. Each time a new paradigm emerges, the relationship between freedom and destiny is reshaped. Bergson and Nietzsche offer us a fourth paradigm, in which life itself becomes the principle.